THE GET DOWN : B-BOYZ PARADISE

A la fin des années 70, 5 lascars du Bronx tournent le dos à la violence pour participer à la naissance du hip-hop. Une fresque musicale somptueuse où la bromance se teinte parfois d'homo-érotisme.

Dans un Bronx qui semble ravagé par la guerre civile, Ra-Ra, Boo-Boo, Dizee et Zeke auraient pu devenir toxico, dealers, ou gangsters. Mais le destin de ces 4 copains d'enfance est bouleversé par la rencontre de Shaolin Fantastic, graffeur et apprenti DJ, qui leur ouvre les portes du mouvement musical le plus important depuis le rock. Le hip-hop, sujet ardu pour les spectateurs sensibles? Pas tant que ça. D'abord, si on reprochera plus tard au rap son homophobie latente, il est à sa naissance encore emprunt des extravagances du funk et des paillettes du disco. Ensuite, son avénement est mise en scène de façon exubérante par Baz Lurhmann. Le réalisateur de Moulin Rouge et Gatsby le Magnifique emprunte autant à l'esthétique visuelle de MTV qu'à la comédie musicale chiadée, aux films de kung-fu, ou à des films cultes tels Warriors (premier film sur les gangs de New York) et le docu-fiction Wild Style. En résulte une succession étourdissante de tableaux groovy, parfois un peu décousus, mais visuellement et musicalement réjouissants.

Il y a ensuite le personnage de Shaolin Fantastic. Semblant sortir d'une BD Strange, le mentor des 4 lascars pratique le kung-folle plus que le karaté, au point de rappeler par moments le très queer superhéro Deadpool. Cultivant une bromance, amitié virile quasi amoureuse avec les Fantastic Four, il n'a de cesse d'éloigner le jeune rapper Zeke (inspiré de Nas) de sa fiancée Mylene, qu'il perçoit comme une mauvaise influence.

Enfin, si aucun personnage ouvertement homo n'apparaît dans les 6 premiers épisodes, les gays ne sont jamais très loin, dans les boîtes disco ou voguant dans les soirées ballroom. Dans le dernier des 6 épisodes, il y a d'ailleurs une très belle scène, complètement inattendue, où le jeune Dizee (Jaden Smith, très convainquant en graffeur psyché,  limite androgyne), a rendez-vous dans ce qu'il ignore être un club gay underground. Dans une suite de plans hypnotiques, porté par l'hymne neo-disco Telepathy d'une Christina Aguilera lionesque, Dizee échange avec un éphébe blond un baiser aussi furtif que sensuel. Il faudra patienter jusqu'à janvier 2017 pour les 6 prochains épisodes de The Get Down, qui révéleront, on l'espère, d'autres belles surprises.

Julien Guichard

The Get Down actuellement diffusé sur Netflix et en streaming / téléchargement sur le net !!!